Éditorial du 31 mai 2025 signé par le Capitaine de Vaisseau Atonfack Guemo Cyrille, DIVCOM-MINDEF
Impeccablement sanglée dans son uniforme, galons et médailles au clair, avec l’allure martiale de rigueur en la circonstance, elle a été vue, admirée, ovationnée, en tête des carrés ou dans les colonnes en mouvement. Sans elle, la symbolique de l’Etat Unitaire eût été incomplète. Avec elle, la symbiose fut totale, et la parade exceptionnelle. Elle qui reflète la détermination de toute la Nation à défendre sa forteresse. Elle qui par les mystères de sa puissance procréatrice, allie harmonieusement les spécificités de la myriade de nos tribalités, pour une Unité Nationale encore et toujours raffermie.
En mettant de côté certaines subjectivités d’ordre culturel et émotionnel, d’ailleurs vite estompées avec le temps, l’incorporation de la femme au sein de l’Armée camerounaise dès l’année 1984, représente une incommensurable évolution de la politique de défense du Cameroun qui se voulant populaire, ne pouvait raisonnablement en laisser l’exclusivité aux seuls hommes, fût-ce au titre de la spécialisation de l’une de ses déclinaisons. Une position d’autant plus indéfendable que la femme camerounaise avait déjà fait montre de la qualité de son potentiel, ses capacités, sa conviction et sa détermination dans les organisations civiques de la jeunesse. Son incorporation dans l’armée intervenait ainsi, comme une action en reconnaissance du mérite de la femme.
La révolution, puisque c’en était aussi, interviendra plutôt dans les mentalités des hommes et des femmes elles-mêmes, les premiers devant apprendre à faire de la place, voire à s’effacer devant cette inconnue au bataillon faisant irruption dans le temple des traditions qu’est l’armée, et la femme mise au défi d’intégrer jusqu’à l’intimité, les canons parfois déstabilisants d’un métier qui est également un mode de vie.
Avec une capacité d’adaptation, une audace et un courage que très peu lui soupçonnaient alors, la femme a fait mieux que résister au poids des contraintes. Elle les transcende au quotidien. Car rien, ni dans la formation militaire, ni dans le profil de carrière, encore moins dans la stratification de la hiérarchie, n’aura été spécialement disposé de sorte à dispenser la femme des servitudes, ou à favoriser son ascension, sur des critères morphologiques ou physiologiques. Que ce soit dans les stages commandos extrêmement contraignants au plan physique, ou dans des formations techniquement et intellectuellement pointues, la femme se distingue, et souvent de manière éclatante.
En l’absence de féminisation des métiers ou des responsabilités, la femme militaire les exerce et les assume tous avec une égale compétence, sans mollesse ni autoritarisme. La femme est ainsi présente dans les rangs ou à la tête des troupes, des services administratifs ou des commandements de diverses envergure.
Pas étonnant dès lors, que la femme soit présente sur tous les terrains et dans toutes les circonstances requérant une intervention passive ou active de notre armée. Partout sur le territoire national, dans les bureaux comme en opération, la femme s’engage, exécute, commande, propose, initie, mobilise les énergies, tempère les ardeurs de ses compagnons, soigne, assiste et réconforte. Sa sensibilité toute naturelle lui permet du reste de pressentir et de résoudre nombre de complexités d’ordre social ou purement opérationnel, ses frères d’armes préférant très souvent s’en remettre à son jugement.
Si aux yeux des populations la femme en uniforme n’est visible qu’à travers des tâches à l’instar de l’enseignement et les soins de santé, il faut dire que dans la lutte épique actuellement engagée contre les menées terroristes dans certaines parties de notre pays, l’étroitesse de la collaboration entre l’armée et les populations est en bonne partie tributaire de la présence rassurante de la femme au sein des actions de sécurisation. Scénario identique dans les missions internationales de maintien de la paix dans lesquelles sont déployés des contingents demilitaires camerounais.
Faisant corps avec son homologue masculin dans la défense et l’essor de la Patrie plutôt que de rentrer en rivalité avec celui-ci, c’est à force de ténacité que la femme se fait sa place au sein de l’institution militaire, sans rien abdiquer de son rôle dans la famille. Un statut et une stature uniques qui anoblissent la femme camerounaise, et bénéficient à la société camerounaise en général. /-