Éditorial du 24 mai 2025 signé par le Capitaine de Vaisseau Cyrille Atonfack Guemo, DIVCOM-MINDEF.
De l’homme, il est dit qu’il ne se connaît que lorsqu’il se mesure à un obstacle. Ce dernier, à savoir l’obstacle, semble donc être l’échelle sur laquelle l’homme met la quantité et la qualité de ses ressourcesmatérielles, au service de ses aptitudes physiques, intellectuelles, sadétermination à surmonter la difficulté, et surtout, la force de saconviction, dans la poursuite de l’idéal qu’il se sera choisi. Et il en va de l’homme comme du peuple.
Durant la longue et douloureuse période de la double occupation étrangère, le peuple du Cameroun a conservé intactes, sa conviction de ne retrouver la plénitude de sa nature que dans l’Unité, de même que sadétermination à la reconstituer. De part et d’autre de la ligne de démarcation facticement tracée par l’occupant, les combats pour y parvenir furent nombreux, et héroïques les batailles civiques, syndicalistes, et politiques menées par d’invétérés patriotes. La plus marquante de toutes reste cependant la consultation référendaire qui aura pour jamais, scellé l’Unité du peuple camerounais, Unité qui n’était pas une option, mais un besoin existentiel.
Ce besoin qui du reste s’exprime dans l’intitulé de la 53e Fête Nationalede l’Etat Unitaire, à savoir ; ”Armée et Nation unies pour un Cameroun tourné vers la paix et la prospérité”.
Force est en effet de constater que plus d’un demi-siècle après avoirconjuré les démons de la division, le peuple camerounais de nouveau se retrouve devant des périls susceptibles d’attenter à sa survie en tant qu’entité homogène et prospère. Car les défis posés par le séparatisme, le terrorisme et l’intégrisme religieux interpellent de nouveau à plus d’un titre, et au moment où les enjeux et contraintes du libéralismeéconomique qui fait compagnie avec la mondialisation galopante sontd’une pregnante interpellation.
A peu de chose près, les générations d’avant les nôtres ont fait face à des défis similaires, qu’ils soient l’accès à l’Indépendance ou le retour à l’Unité. Comme vivre libres et unis était pour ces patriotes une nécessitévitale, vivre unis et en paix l’est également pour nous. Mais il ne suffitpas de le souhaiter pour le réaliser.
Par ces temps d’incertitude propices au délitement du fondementsociétal, l’Unité et la Paix sont deux biens précieux qui ne peuvent se préserver qu’à partir de la conviction profondément ancrée en chaquecitoyenne et chaque citoyen, civil et militaire confondus, d’être porteurd’une part du désir d’indissociabilité qui anime l’ensemble de la communauté nationale.
En ce 20 mai 2025, les retrouvailles entre mille et un coloris de la tribalité camerounaise auront été fusionnelles, les parades grandioses, la fête populaire. Et comme le veut une pratique devenue traditionnelle, l’armée camerounaise était partout, en tête de file des colonnesdéfilantes. Un redoutable privilège qui, loin de découler de la détentiond’armes de guerre, tient au contraire de la puissance de la cohésion.
La cohésion comme génome, l’armée camerounaise étant par naissance, la première de nos institutions à avoir une compétence nationale, par-delà les lignes de démarcation des circonscriptions tutélaires. La cohésion comme mission, avec pour impératif fondamental, de réunirsous le drapeau de la République, l’ensemble des enfants de la Patrie. Le courage, la détermination et le brio démontrés dans l’accomplissementde cette mission donnée pour impossible, vaudront à notre armée d’être promue aux rang et appellation de Creuset de l’Unité Nationale.
Plus qu’un titre de noblesse, un héritage perpétuel qui se préserve dans l’action quotidienne d’hommes et de femmes de devoir, prêts à donner sueur et sang, pour que triomphe l’idéal unitaire de leurs glorieuxdevanciers, leur idéal.
