Favoriser la renaissance de l’industrie locale du textile et acter la promotion des produits locaux, c’est l’objectif visé par Yoweri Museveni, Président de l’Ouganda lorsqu’il évoquait fin Août 2023 l’embargo prochain sur les vêtements de fripe ceci en marge de l’inauguration d’un parc industriel.
Avec une énorme production invendable issue des usines textiles locales, la faute à un marché très inondé par les fripes venus de l’étranger, le gouvernement ougandais entend mettre un terme aux importations de ces produits dans un contexte où plus de 6 000 tonnes de fripes entrent au pays chaque mois pour habiller 80% de la population et à des prix défiant toute concurrence; un gagne-pain pour plus de 4 millions de personnes.
Alors que 85% de la récolte de coton était destinée à l’industrie textile locale dans les années 1970, à date seule 10% de celle-ci est orientée vers le secteur textile nationale impactant juste quelques milliers de salariés. À l’orée de la suspension de ses exportations textiles vers les États-Unis en signe de protestation contre la loi anti-homosexualité adoptée au mois de mai 2023, le gouvernement ougandais reste néanmoins prudent car interdire les importations de fripes venus du Nord pourrait être profitable à d’autres pays du Sud comme la Chine qui saisirait ainsi l’occasion pour inonder le marché local avec le risque de nuire au pouvoir d’achat des ougandais; une démarche pas rassurante pour le styliste ougandais Bobby Kolande qui mentionne que l’interdiction n’ est pas la meilleure solution mais qu’il est serait préférable pour le gouvernement d’orienter ses aides vers les jeunes entrepreneurs nationaux afin de mettre sur pied une filière durable car soutient t’il, « c’est la vraie réponse à cette fast fashion polluante et à ses rebuts qui encombrent l’Afrique.»
Martial Obiona
