Le plus jeune Président du Sénégal a prêté serment ce 02 avril 2024 devant ses pairs Africains, où il a promis un “changement systémique, plus de souveraineté ainsi que l’apaisement après des années d’agitation”.
Vêtu d’un costume de couleur bleu et l’allure assurée, le nouveau Président, membre du Pastef a prêté serment devant des centaines d’officiels sénégalais et plusieurs chefs d’État et dirigeants africains au Centre des expositions de la ville nouvelle de Diamniadio, près de Dakar. Il a juré devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, de défendre l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine.

Dans son allocution après sa prestation de serment, Bassirou Diomaye Faye s’est dit conscient que sa large victoire dès le premier tour de la présidentielle du 24 mars dernier signifiait un profond désir de changement systémique. << Le Sénégal sous mon magistère sera un pays d’espérance, un pays apaisé avec une justice indépendante et une démocratie renforcée>> a-t-il rassuré le peuple. Il a par la suite évoqué les trois années de troubles qui ont précédées son élection, avec à la clé des dizaines de morts et des centaines d’arrestations. Il a assuré qu’il conserverait à l’esprit les sacrifices consentis par les martyrs de la démocratie (amputés, blessés et anciens prisonniers…) afin de ne jamais vous décevoir le peuple.
Cinquième Président à la tête du Sénégal, âgée de 44 ans, Bassirou Diomaye Faye préconise “plus de solidarité” entre pays africains face aux défis sécuritaires. << Sur le plan africain, l’ampleur des défis sécuritaires nous oblige à plus de solidarité>> a-t-il déclaré. <<Je réaffirme l’engagement du Sénégal à renforcer les efforts déployés pour la paix, la sécurité, la stabilité et l’intégration africaine>> a-t-il ajouté. Il a également dit entendre clairement la voix des élites décomplexées qui disent haut et fort leur aspiration à plus de souveraineté, au développement et au bien-être.
Qui est Bassirou Diomaye Faye ?
Souvent vêtu d’un boubou blanc traditionnel, de taille moyenne, portant un discret collier de barbe sur son visage juvénile, ce musulman pratiquant, père de quatre enfants, et deux magnifiques épouses, personnifie une nouvelle génération de politiciens.
Bassirou Diomaye Faye est né dans une famille d’agriculteurs humble et éduquée dans le village de Ndiaganiao, à 150 km à l’est de Dakar, au bout d’une route cahoteuse et sablonneuse. Là-bas, il n’y a ni centre de santé, ni route goudronnée. Haut fonctionnaire de l’administration des Impôts et domaines où il a fait la connaissance d’Ousmane Sonko, il a franchi discrètement les étapes dans l’ombre de ce dernier.

Son avènement consacre la réussite du plan B de M. Sonko qui, arrivé troisième de la présidentielle en 2019 et disqualifié en 2024, l’a désigné comme son remplaçant.
Pendant trois ans, avec le parti Pastef créé en 2014 par de jeunes cadres du public et du privé et dissous depuis, ils ont croisé le fer avec le pouvoir, le président Sonko se démultipliant aux avant-postes, le secrétaire général Faye actif à l’organisation et la doctrine. Ils sont sortis ensemble après plusieurs mois d’emprisonnement mi-mars, en pleine campagne, à la faveur d’une amnistie. Ils ont parcouru le pays ensemble, puis se sont partagé la tâche, drainant des foules en liesse derrière le slogan “Sonko mooy Diomaye, Diomaye mooy Sonko” (Sonko c’est Diomaye, Diomaye c’est Sonko). Pendant ce temps, son principal adversaire, Amadou Ba, candidat du pouvoir en place, faisait campagne en critiquant son inexpérience.
Admirateur de l’ancien président américain Barack Obama et du Sud-africain Nelson Mandela, fervent lecteur de livres de psychologie, il est aussi un “grand fan du Real Madrid et de (Zinedine) Zidane, l’ancien joueur de football français, amateur d’arts martiaux et de natation, et fan de reggae. Ce petit-fils d’un tirailleur, grièvement blessé durant la bataille de Verdun pendant la Première Guerre mondiale, est un bon garçon très soigneux dans sa manière de faire, et sera un président connecté aux réalités du Sénégal.
Suzanne Maah