L’an dernier, l’État belge émettait un rendement net de 2,81% sur un an. En début septembre 2024, l’État payera le capital et intérêts aux très nombreux investisseurs, la plupart des particuliers ayant redirigé pour un an leur épargne. On estime généralement que 22 milliards d’euros vont ainsi retourner sur les comptes des épargnants belges.
De quoi faire de l’œil aux banques belges, qui vont tenter de capter cet afflux de capitaux en proposant différentes formules. Pour ces banques, le bon d’État avait été un coup. Ainsi, l’an dernier, chez BNP-Paribas-Fortis, première banque belge, plus de six milliards d’euros avaient quitté les comptes des clients de la banque pour les caisses de l’État, ce qui avait affecté le chiffre d’affaires de la multinationale française.
Bons de caisse et autres
Un tel pactole subitement libéré intéresse bien entendu fortement les banques qui commencent à proposer des formules d’investissement ou d’épargne, notamment via un mode équivalent au bon d’État, le bon de caisse. De ce fait, l’association de défense des consommateurs compte auprès d’une banque en ligne, assurance-épargne, etc. Selon l’économiste Eric Dor, directeur des Etudes Economiques à l’IESEG School of Management de Paris et Lille, la Belgique est encore à la traîne par rapport à ses voisins en matière de taux d’intérêt offert sur les comptes d’épargne. « Les banques ont été un peu traumatisées de cette fuite de dépôt de 22 milliards d’euros. Elles ne souhaitent pas perdre à nouveau cet argent, ce qui explique qu’elles offrent des conditions plus attractives sur des produits comme des bons de caisse, et on peut penser que la concurrence va beaucoup jouer entre les banques pour essayer de capter cette manne ».
Avec le bon d’État, le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V) voulait bousculer les banques pour qu’elles offrent des conditions plus attractives aux épargnants. C’est donc en partie un succès pour lui de ce point de vue. Mais avec les nouveaux produits offerts par les banques, “on ne retrouvera pas les conditions exceptionnelles du bon d’état de 2023. 2,81% de rendement net pour les épargnants, c’était providentiel !”, souligne Eric Dor. “On ne va pas retrouver un tel rendement net, surtout que les taux directeurs de la banque centrale européenne sont orientés sur pente descendante”, prévient le spécialiste.
By Mbond Geneviève