Dans un communiqué rendu Public à l’occasion de la commémoration de la 7ème édition de la journée internationale de l’éducation qui se célèbre ce 24 janvier 2025, Pr. James Mouangue Kobila a fait une déclaration face aux dérives liées à l’intelligence artificielle en milieu éducatif tout en rappellent les textes ratifiés par le Cameroun, et a proposé des solutions susceptibles pour remédier à cette situation.

Le thème choisi pour cette célébration est: « L’intelligence artificielle et l’éducation: préserver l’autonomie dans un monde automatisé ».

A lire le communiqué intégral 👇🏿👇🏿👇🏿

DÉCLARATION DE LA COMMISSION DES DROITS DE L’HOMME DU CAMEROUN À L’OCCASION DE LA 7 ÉDITION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE L’ÉDUCATION

La Commission des Droits de l’homme du Cameroun (ci-après: << la Commission >> ou << la CDHC »), créée par la loi n° 2019/014 du 19 juillet 2019 et mise en place le 29 avril 2021, suite à la prestation de serment de ses membres devant la Cour suprême siégeant en chambres réunies,

Ayant à l’esprit que, l’éducation est [universellement reconnue] comme un puissant facteur de changement [dans la mesure où] elle améliore la santé et les moyens de subsistance, contribue à la stabilité sociale […], stimule la croissance économique à long terme [et facilite] la réalisation de chacun des 17 Objectifs de développement durable (ODD)’,

Se remémorant également que les Nations Unies, conscientes de l’importance que revêt l’éducation dans la réalisation du développement durable, notamment au regard des [ODD], d’Action 213, du Plan de mise en œuvre du Sommet mondial pour le Développement durable (Plan de mise en œuvre de Johannesburg), des objectifs du Programme Éducation pour tous, du Programme d’action mondial [pour l’Éducation au service du développement durable, de la Déclaration d’Incheon et du Cadre d’action pour la mise en œuvre de l'[ODD] n° 4, [fait d’elle une priorité pour le développement de sociétés inclusives et résilientes], Ayant en outre à l’esprit que l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (AGONU), réunie en sa 73ª session le 3 décembre 2018, [c]onsciente également qu’il importe de s’attacher à garantir l’accès de tous à une éducation équitable et de qualité à tous les niveaux préscolaire, primaire, secondaire et supérieur, y compris l’enseignement à distance et la formation technique et professionnelle de manière que chaque personne puisse accéder à l’apprentissage tout au long de sa vie et acquérir ainsi les connaissances et les compétences nécessaires pour participer pleinement à la vie de la société et contribuer au développement durable, [a] décid[é] de proclamer, le 24 janvier Journée internationale de l’éducation [(JIE)] pour célébrer l’importance de l’éducation dans le développement des individus et des sociétés,

Relevant que le but de la célébration de la JIE est de promouvoir l’Éducation en tant que droit humain fondamental, un bien public et une responsabilité publique’ visant à sortir les hommes et les femmes de la pauvreté, à réduire les inégalités et à assurer un développement durable à tous,

Remarquant également que la célébration de cette Journée vise à encourager les gouvernements, les organisations internationales et la société civile à travailler en synergie pour améliorer la qualité de l’éducation et pour atteindre l’ODD nº 4, à savoir « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie »,

Notant que selon l’Observation générale n° 13 du Comité des Droits économiques, sociaux et culturels, << [1′]éducation est à la fois un droit fondamental en soi et une des clefs de l’exercice des autres droits inhérents à la personne humaine » en ce sens qu’elle est un droit multiplicateur, permettant ou augmentant la jouissance d’autres droits humains, car ils sont liés et interdépendants,

Considérant également qu’à travers la célébration de cette Journée, l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (acronyme en anglais: UNESCO) qui << agit comme chef de file mondial et régional en matière d’éducation, œuvre à renforcer les systèmes éducatifs [inclusifs et résilients] partout dans le monde et relève les défis planétaires contemporains par l’éducation »”, met en avant l’importance de l’éducation dans la construction d’un monde plus équitable, plus inclusif et plus durable”,

Accueillant favorablement le thème de la célébration cette année, libellé L’Intelligence artificielle (IA) et l’éducation préserver l’autonomie dans un monde automatisé, thème qui propose une réflexion sur le pouvoir de l’éducation pour permettre aux personnes et aux communautés de naviguer, de comprendre et d’influencer le progrès technologique, car à mesure que les systèmes pilotés par l’informatique et l’IA deviennent plus sophistiqués, les frontières entre l’intention humaine et l’action automatisée s’estompent souvent, ce qui soulève des questions essentielles sur la manière de préserver, de redéfinir et, idéalement, d’élever l’action humaine à l’ère de l’accélération technologique,

Reconnaissant que « sans une éducation inclusive, équitable et de qualité, ainsi que des opportunités tout au long de la vie pour tous, les pays ne parviendront pas à réaliser l’égalité des genres [ni] à briser le cycle de la pauvreté qui laisse de côté des millions d’enfants, de jeunes et d’adultes >>13,

Relevant, à la suite de Farida SHAHEED, Rapporteur spécial sur le Droit à l’éducation, lors des 28 et 29ª séances plénières de la 79º session de la Troisième Commission en charge des questions sociales, humanitaires et culturelles des Nations Unies tenue le 24 octobre 2024 à son Siège à New York aux États-Unis d’Amérique, qui a affirmé que « l’éducation [est] un bien commun public et librement accessible à tous »,

Relevant également que, selon l’UNESCO, I’« éducation >> apparaît comme un droit inaliénable de l’être humain; un processus qui dure toute la vie et concerne l’ensemble de la société, au cours duquel chaque personne apprend et développe son plein potentiel, l’ensemble de sa personnalité, son sens de la dignité, ses talents et ses aptitudes mentales et physiques, au sein et au profit des communautés et des écosystèmes locaux, nationaux, régionaux et mondiaux¹5,

Notant également qu’à la lumière du Dictionnaire susmentionné, le terme <<< automatique » renvoie à ce « qui fonctionne en tout ou partie sans qu’il soit besoin d’une intervention humaine » “, par conséquent à « un monde automatisé », c’est-à-dire un monde conçu pour réduire le travail effectué par les humains, remplacés par des machines ou des ordinateurs,

Rattachant les définitions sus-énoncées au thème de la Journée dont il s’agit, à savoir L’IA et l’éducation préserver l’autonomie dans un monde automatisé, la CDHC relève, avec les experts indépendants de l’ONU, que l’intrusion de l’IA dans la pédagogie scolaire et [dans] les processus administratifs et son intégration dans toutes les routines scolaires constituent une menace directe et significative pour l’autonomie des enseignants, la liberté académique [ainsi que] la gouvernance démocratique des écoles,

Considérant que le constituant Camerounais de 1996, soucieux de la protection de l’enseignement, a énoncé, dans le préambule de la Constitution du 18 janvier 1996, que la liberté d’enseignement est garantie par l’État [qui] assure […] le développement et le contrôle de l’enseignement [à tous les niveaux: primaire, secondaire et supérieur],

Rappelant que le cadre normatif et institutionnel national, africain et universel relatif à la promotion et à la protection du droit à l’éducation tel que souligné dans la précédente Déclaration à l’occasion de la célébration de la JIE le 24 janvier 2024″ n’a pas évolué,

La Commission salue les efforts du Gouvernement et ceux de ses partenaires tendant à créer un environnement d’apprentissage hybride, plus dynamique et orienté vers l’action, en vue d’améliorer les résultats de l’apprentissage dans un monde interconnecté caractérisé par des changements rapides, notamment à travers : la prescription, par le président de la République au gouvernement, lors de son discours du 10 février 2024 à l’occasion de la fête de la jeunesse, de la réduction des frais de scolarité dans les centres de formation professionnelle d’excellence ; ces frais sont passés de 500 000 à 50 000 francs CFA, dans l’optique de permettre à un plus grand nombre de jeunes d’accéder à une formation de qualité; la tenue, le 5 septembre 2024 à Yaoundé, par le premier ministre, chef du Gouvernement, en présence du ministre délégué à la présidence de la République chargé de la défense, d’une réunion interministérielle en vue de renforcer la protection des élèves et des enseignants dans les établissements, afin de garantir une rentrée scolaire sereine sur toute l’étendue du territoire camerounais en général et, en particulier, dans les Régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en proie à l’insécurité, à l’aube de la rentrée scolaire 2024-202523; la pose de la première pierre de l’infrastructure de connectivité qu’est le Centre d’incubation des innovations et des entreprises digitales à l’Université inter- États Congo-Cameroun de Sangmélima par le ministre de l’Enseignement supérieur (MINESUP) et par le ministre des Finances (MINFI) le 28 février 2024 à Sangmélima, dans la Région du Sud; la validation multisectorielle, le 8 octobre 2024 à Yaoundé, par le ministère de l’Éducation de base (MINEDUB) et le ministère des Enseignements secondaires (MINESEC), en présence de responsables gouvernementaux, de la Politique nationale d’évaluation inclusive, avec le chant de l’Hymne national selon une approche inclusive25; la signature, par le ministre de l’Éducation de base, ainsi que par celui chargé de la Fonction publique et de la Réforme administrative, de l’arrêté conjoint n° 124/B1/1464/MINEDUB/MINFOPRA du 30 septembre 2024, portant ouverture d’un test de sélection pour le recrutement de 3 000 instituteurs dans le cadre de la 6ème phase du Programme de contractualisation des instituteurs de l’enseignement maternel et primaire, au profit des écoles primaires publiques; la fermeture, en août 2024, par le MINESEC et le MINEDUB, de 722 écoles primaires et de 172 établissements secondaires, principalement dans les Régions de l’Adamaoua, du Centre, de l’Est, du Littoral, de l’Ouest et du Sud-Ouest, pour défaut de conformité à la réglementation en vigueur”; l’organisation, du 23 novembre au 1 décembre 2024 à Yaoundé, par le ministère de l’Enseignement supérieur (MINESUP), du 4 Salon africain de l’éducation (SAED) sous le thème Jeunesse patriote, pacifique et entreprenante, pour l’unité et la prospérité de l’Afrique; Salon dont le but était de renseigner les élèves (du primaire et du secondaire), les étudiants, les enseignants et les parents sur les innovations insufflées par la nouvelle loi du 25 juillet 2023 portant orientation de l’enseignement supérieur au Cameroun”; la rétrocession, par le MINESUP, du Centre de Développement du Numérique universitaire (CDNU)2 au campus de l’Université de Yaoundé 1 le 30 avril 2024; l’ouverture officielle par le MINESEC, dès la rentrée scolaire de septembre 2024, des séries << Sciences humaines >> et << Arts cinématographiques >> au second cycle”; la mise en place, le 1 août 2024, par le MINESEC d’un système de matricule unique pour les élèves à partir de la classe de sixième, afin d’assurer la sécurité et la traçabilité des élèves par un système de gestion automatisé, même en cas de changement d’établissement scolaire et de mettre fin aux problèmes de fraude rencontrés jusqu’à présent; la distribution, du 20 septembre au 30 décembre 2024 dans les Régions de l’Adamaoua, de l’Extrême-Nord et du Nord, par l’association Sahel Women’s Empowerment and Demographic Dividend Regional Project (SWEDD), de plus de 30 000 kits scolaires et du matériel pour les centres de formation en santé reproductive dans le cadre de la lutte contre la déscolarisation des jeunes filles” ; l’organisation, le 6 juin 2024 dans les villes de Douala et de Bafoussam d’une Campagne pour le financement de l’éducation au Cameroun, sous le thème La force du public, ensemble on fait école! par la Fédération camerounaise des Syndicats de l’éducation (FECASE) et par la Fédération des Syndicats de l’enseignement et de la recherche (FESER), avec le soutien du Groupe de haut de niveau des Nations Unies sur la profession enseignante”;

La Commission accueille favorablement le décret présidentiel nº 2024/106 du 9 avril 2024 portant nomination de nouveaux recteurs dans certaines universités d’État – en vue, entre autres, de leur redynamisation, y compris à travers la mise en œuvre de nouvelles stratégies d’utilisation du numérique notamment dans les universités de Bertoua, de Yaoundé 1 et de Yaoundé 2;

La Commission se réjouit de la tenue, le 14 mai 2024 à Hilton Hôtel de Yaoundé, de la troisième Session du Comité national de suivi-évaluation de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (CNSE/SND30), sous la présidence du ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT), avec la participation des secteurs de l’éducation et de la formation professionnelle;

La Commission se félicite de la signature, le 23 décembre 2024, entre l’Université de Maroua et la Mission d’études pour l’aménagement et le développement de la Région de l’Extrême-Nord (MEADEN), d’une convention de 571 millions de francs CFA, dans le cadre de la formation des étudiants de l’Université de Maroua, spécialement des jeunes filles, à travers des bourses d’études octroyées dans les domaines de l’agriculture irriguée, afin de les encourager à s’intéresser davantage à l’agriculture de seconde génération;

La Commission exhorte tous les acteurs du secteur éducatif, y compris « les autorités locales et régionales, les établissements et institutions d’enseignement, les organisations de la société civile, le secteur privé, […] les médias ainsi que tous les enfants, les jeunes, les adultes et les membres de leur famille » à s’approprier la Recommandation sur l’éducation pour la paix, les Droits de l’homme et le développement durable adoptée par la Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Paris, lors de ses assises du 7 au 22 novembre 2023 et certifiée le 9 octobre 2024, qui vise à édifier « des sociétés pacifiques, justes, égales, équitables, solidaires, inclusives, démocratiques, saines et durables ».

By CDHC

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