Éditorial du 19 avril 2025 signé par le Capitaine de Vaisseau Cyrille Atonfack Guemo, DIVCOM-MINDEF.
Du rôle et de la place de l’armée en démocratie. La problématique se sera posée avec acuité dans nombre de pays dans lesquels l’armée, ou les multiples factions qui en tiennent lieu, s’était invitée dans la gestion de la cité, allant parfois jusqu’à faire office d’organe dirigeant. Tel n’a jamais été le cas au Cameroun, l’armée camerounaise étant de toujours, demeurée une gardienne fidèle, loyale et respectueuse des Institutions de la République.
Cultivant avec un remarquable soin son génome unitaire et sa neutralité politique, l’armée camerounaise en a fait au fil du temps, de solides ferments de paix, de stabilité, de sécurité et de prospérité, posture d’une rare exception dans le long cortège des pays alors considérés comme en voie de développement.
Le développement va d’ailleurs faire partie des principaux champs d’action vers lesquels l’armée camerounaise va davantage se tourner, l’effritement des antagonismes idéologiques entre l’Est et l’Ouest ayant eu parmi ses nombreux corollaires, l’éloignement du spectre d’une guerre interétatique. La marge de manœuvre ainsi dégagée du fait de l’estompage de la menace, aura conforté la volonté de l’armée camerounaise de mettre la dualité de ses aptitudes au service des populations.
La dualité des métiers militaires favorisant en effet leur application au domaine civil, cette propriété permettait à l’armée d’apporter son appui à la construction des précurseurs matériels et immatériels de développement. L’ouverture de voies de communication sur l’ensemble du territoire national, la construction au sein des casernes et en dehors de celles-ci, de structures médico-sanitaires et scolaires librement accessibles aux populations civiles, sont entre autres prestations de qualité, la traduction de cet engagement de l’armée camerounaise dans les opérations autres que la guerre.
Une telle polyvalence et le degré de performance aujourd’hui atteint sont le fruit d’une formation méthodique et de longue haleine, entièrement portée sur l’excellence. Car, à la faveur des nombreux partenariats conclus à travers le monde, les militaires camerounais partent à la quête de ce qu’il y a de meilleur en termes de savoirs et de savoir-faire. Sur place au pays, ces acquis cognitifs et fonctionnels sont reproduits dans la chaîne de transmission des connaissances, expérimentés et adaptés aux réalités locales.
A titre d’illustration de l’appropriation des compétences par les militaires camerounais, et leur application aux spécificités de notre environnement, l’on peut évoquer la confection des cache-nez anti-Covid. Tout en permettant de substantielles économies financières, l’initiative avait épargné à notre armée d’avoir à subir le stress d’une plus que probable pénurie stratégique en cette spéculation rapidement devenue un enjeu économique, sécuritaire et sanitaire mondial.
La construction d’infrastructures à l’exemple de l’Établissementcentralisé de réparation et de reconstruction automobile, les Ateliers navals, l’École des métiers de l’Armée de l’air, sont à cet égard, autant de lourds investissements consentis par le contribuable au bénéfice de son armée, des investissements qui trouvent un surcroît de rentabilité dans la réalisation des actions civilo-militaires.
Car, concurremment à l’exécution des missions statutaires de défense et de sécurité, les tâches additionnelles tels l’appui à la mobilité, les soutiens logistique et sanitaire, l’aérotransport, la protection civile, la protection du tissu économique, font dorénavant partie intégrante de l’agenda opérationnel de l’armée camerounaise. Après s’être fait accepter par l’ensemble des citoyens, le Creuset de l’Unité Nationale entend tirer le maximum du minimum qui lui est octroyé. Si c’était cela l’optimisation de la ressource, alors dans ce domaine aussi, l’armée camerounaise serait l’exemple à suivre. /-