Éditorial du 26 juillet 2025 signé du Capitaine de Vaisseau Cyrille Atonfack Guemo, DIVCOM-MINDEF.
Sa création le 13 janvier 2005 intervient au moment où des lignes de fracture de plus en plus nombreuses, se font jour dans les axes de force qui avaient jusqu’alors, entretenu un certain équilibre dans la marche des affaires du monde. C’était aux lendemains de la deuxième guerre du Golfe, laquelle guerre s’était soldée par la dislocation des institutions étatiques d’un acteur majeur de la scène proche orientale. La guerre au terrorisme était déclarée.
Mais plutôt que de disparaitre ou à tout le moins de refluer, le fléau n’aura de cesse de s’étendre, brandissant l’étendard du fondamentalisme religieux ou du séparatisme territorial, faisant montre d’une plasticité qui va amener à reconsidérer les traditionnelles pratiques de la belligérance. Et pour ne rien arranger, de gros nuages sombres commençaient à s’amonceler dans le ciel des relations internationales, signes annonciateurs des actuelles guerres de haute intensité et de longue durée.
En somme, deux raisons majeures parmi tant d’autres, pour une Afrique enquête d’autonomie dans tous les domaines, de penser autrement les voies et moyens de construire sa propre sécurité, préalable indispensable à toute idée de développement. L’appropriation et le rapatriement des savoirs et savoir-faire, le besoin d’une pensée endogène et l’audace de l’innovation devenaient ainsi des enjeux de la plus haute importance, dès lors qu’il fallait se défaire des liens séculaires du mimétisme et de la léthargie intellectuels.
Tout ceci dans le but de faciliter la sereine évolution de nos peuples, nos pays et notre continent, à travers les sentiers tortueux, les étroites lignes de crête, ainsi que les vertigineux à pic du toboggan mondial. Il convient en effet, de toujours avoir présent à l’esprit, le dévolu jeté sur notre continent par certaines puissances, qui veulent en faire leur profondeur stratégique, pour se donner un peu de souffle, voire beaucoup d’air.
L’Ecole Supérieure Internationale de Guerre de Yaoundé (ESIG), qui a pour devise ‘‘La Stratégie au service de la Paix’’, est ainsi venue assouvir cet impératif de refondation et de souveraineté, en ce qu’elle offre au monde, une autre possibilité de construire la paix, et à l’Afrique, de nouvelles capacités cognitives et opératives dans la valorisation de ses ressources, la défense de ses intérêts, et le rayonnement de sa personnalité.
Car l’ESIG n’enseigne pas que les méthodes et les procédures de planification, de préparation et de conduite des opérations armées, ce qui est sa fonction première. Mieux que celà, notre prestigieuse institution militaire fait fonction de creuset dans lequel se fondent et fusionnent les diverses extractions nationales, culturelles, linguistiques et académiques de ses pensionnaires.

En parfaite maîtrise de la grammaire de la polémologie dont l’un des principes les plus prégnants voudrait que l’on prépare la guerre si l’on veut la paix, principe mis en pratique encore aujourd’hui, et qui relègue de fait la négociation après la confrontation, l’ESIG est appelée à formuler des notions paradigmatiques susceptibles d’inculquer aux prospectivistes et stratèges actuels et futurs, cet esprit davantage porté sur l’irénisme dont l’absence mène inexorablement l’humanité au seuil de l’auto-destruction.
Après 20 années d’une existence jonchée de défis relevés et d’attentes comblées, avec près d’un millier d’officiers supérieurs formés, auditeurs provenant d’une vingtaine de pays d’Afrique, d’Amérique, d’Europe et d’Asie, l’Ecole Supérieure Internationale de Guerre de Yaoundé se projette résolument vers de nouveaux horizons, portant en elle l’ambition d’être plus que jamais, le pôle d’excellence de la renaissance intellectuelle et militaro-stratégique de notre continent, redevenu le point de convergence de pratiquement toutes les divergences idéologiques avides de dominance globale. /-