Inaugurée le 11 août dernier dans la ville de Garoua, cette infrastructure marque une étape majeure vers le développement de l’économie sociale et solidaire dans la région du Nord Cameroun.
Il s’agit de la quatrième édition nationale de ces marchés après ceux d’Akonolinga (Centre, 2021), d’Ebolowa (Sud, 2023) et de Douala (Littoral, 2024). La cérémonie, présidée par le Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie Sociale et de l’Artisanat (MINPMEESA), s’est tenue sur le plateau de Garoua en présence de plusieurs autorités administratives, politiques, traditionnelles, religieuses ainsi que de nombreux acteurs dudit secteur.

Dans son propos pour la circonstance, le Ministre Achille Bassilekin III nan pas manqué de rappeler que: « Le choix du Nord n’est pas fortuit ». Il a par la suite misen avant la performance de la région dans la structuration des réseaux et son rôle stratégique de carrefour économique vers le Sahel et les pays voisins.
Une avancée significative pour l’économie sociale au Cameroun
Dans son allocution, le Ministre a tenu à rappeler les fondements de cette initiative qui s’inscrit dans une vision ancienne et profondément enracinée en Afrique notamment celle des pratiques communautaires et solidaires. Cette orientation a été formalisée dès 1987 par le Président de la République, S.E. Paul Biya, dans son ouvrage « Pour le libéralisme communautaire », qui promeut une économie au service de l’homme, de la justice sociale et du partage équitable des fruits de la croissance. Cette vision s’est traduite par la création, dès 2004, d’un département ministériel spécifiquement dédié à l’économie sociale, puis par l’adoption en 2019 d’une loi-cadre régissant ce secteur.
Depuis lors, le Cameroun s’est illustré comme pionnier en Afrique, au point d’abriter en mai 2025 le premier Forum Africain de l’Économie Sociale et Solidaire (FORA’ESS).
Le MINPMEESA est également revenu sur les avancées institutionnelles et normatives à savoir: le décret de 2020 structurant le réseautage des unités d’économie sociale et l’arrêté de 2022 fixant les modalités d’enregistrement au registre général. Ces textes offrent désormais un cadre clair et favorable à l’émergence d’un tissu économique solidaire, organisé et compétitif.
Des chiffres qui rassurent
À l’échelle nationale, les résultats sont significatifs : 326 Réseaux Locaux d’Économie Sociale (RELES) déjà structurés sur 360 attendus ; 54 Réseaux Départementaux (REDES) sur 58 ; 10 Réseaux Régionaux (RERES) sur 10, avec la récente mise en place du RERES Est. Dans la Région du Nord, le tableau est tout aussi éloquent : les quatre départements disposent de leurs REDES, le RERES est déjà opérationnel, et 19 communes sur 21 ont structuré leur RELES. « Le Nord se positionne ainsi parmi les meilleurs élèves du pays », a mentionné le Ministre.
Lutte contre la vie chère

En de ça de la structuration, les Marchés Coopératifs ont pour but d’offrir aux acteurs une vitrine directe de leurs produits, réduire l’influence des intermédiaires et permettre aux consommateurs d’accéder à des prix plus justes. « Il nous est paru indispensable de créer un cadre de commercialisation directe afin de réduire les intermédiaires dans la chaîne d’approvisionnement et contribuer ainsi à la lutte contre la vie chère », a indiqué le membre du gouvernement. Ces marchés, véritables plateformes de rencontre entre producteurs et acheteurs, visent aussi à valoriser le savoir-faire local, à créer des opportunités d’affaires et à favoriser la transformation des produits.
Garoua, carrefour stratégique et vitrine régionale
Le choix de Garoua ne repose pas uniquement sur ses performances dans le réseautage. La ville, située à la jonction entre le plateau de l’Adamaoua et les plaines sahéliennes, constitue un point de passage stratégique vers le Cameroun septentrional mais aussi vers le Tchad et la République centrafricaine. La présence à la cérémonie de délégations venues de ces pays témoigne du rayonnement sous-régional que peut avoir ce marché coopératif. Pour le Ministre, il s’agit là d’une occasion unique de tisser des synergies transfrontalières et de renforcer la coopération économique régionale.

Au-delà de l’inauguration de cette architecture, le Ministre a insisté sur la nécessité de pérenniser ce projet de grande envergure. « Je vous invite à faire de ce marché une activité durable, un véritable outil de développement local. » Il a exhorté les acteurs de l’économie sociale à privilégier la transformation des produits et la création de chaînes de valeur, piliers de la politique d’import-substitution et leviers stratégiques du Made in Cameroon. Pour lui, l’économie sociale et solidaire doit être perçue comme un partenaire privilégié des Collectivités Territoriales Décentralisées, capable de répondre aux besoins spécifiques des populations grâce à une valorisation optimale des ressources locales.
Pour finir, Achille Bassilekin III a invité l’ensemble des réseaux d’économie sociale à renforcer leur esprit de coopération et leur engagement volontaire au service des communautés. « Le train de notre économie alternative est sur les rails, en route vers l’émergence », a-t-il déclaré, appelant à la mobilisation de toutes les énergies pour un développement inclusif et durable.
Tjang Frida