Suite à l’annonce faite par le Président de la République Paul Biya en 2022 sur le démarrage des projets miniers, le Ministre des Mines, de l’Industrie et de Développement Technologique, Pr. FUH Calistus Gentry, face à la presse, est revenu sur les avancées desdits projets après la déclaration du Président de l’Assemblée National (PAN), Cavaye Yeguie Djibril lors de son discours d’ouverture de la session parlementaire le 10 novembre 2023. Il s’agit du démarrage des grands projets miniers qui permettront d’augmenter la contribution du secteur à la croissance du PIB national. Il s’agit notamment du projet d’exploitation du minerai de fer de Kribi-Lolabe exploité par l’entreprise Sinosteel, du projet d’exploitation du minerai de Bipindi-Zambi à Kribi, et du projet de gisement de fer de Mbalam-Nabeba.
Entretien avec le Pr. FUH CALISTUS GENTRY, Ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique par intérim.
Monsieur le Ministre, en quoi consiste ces projets évoqués par le PAN dans son discours d’ouverture?
Comme vous le savez le président de la république en 2022 avait annoncé le démarrage des 03 projets miniers. Nous sommes très fiers d’annoncer comme l’a dit le président de l’assemblée, le démarrage effectif de ces projets, en détail le projet Kribi-Lobé confié à l’entreprise chinoise Sinosteel a démarré; le projet Bipindi-Grand-Zambi à kribi a effectivement démarré et sur place maintenant il y a les travaux en cours et d’ici un mois presque 80% des équipements de Sinosteel Cam SA vont arriver au Cameroun comme les mesures complémentaires pour l’installation sur le terrain. En ce qui concerne grand Zambi, le projet est bien avancé il y a déjà un concasseur et pour les projets infrastructures. Ce concasseur va aussi servir comme broyeur pour la mine. Il y a aussi le projet Mbalam-Nabela qui a une certaine mesure de restructurations c’est la même chose avec le projet GEOVIC, qui ont certains problèmes de restructurations et dès que ces problèmes sont relevés ces deux projets vont aussi démarrer. Je veux aussi dire qu’en démarrage effectif on peut parler de projets des mines, de colomine apportés par la société Codias qui est entré en production effective. Donc voilà en résumé 05 projets à court terme qui ont effectivement démarré mais les deux autres ont les petits défis, dès que ces défis sont relevés on va avoir cinq projets à court terme qui vont effectivement démarré.
Monsieur le ministre s’agissant des divergences évoquées par le Président de l’Assemblée Nationale entre certains actionnaires, de quoi s’agit-il et quelles sont les solutions possibles ?
Si je prends en particulier le cas du projet Geovic c’est un projet très simple qui devait vraiment démarrer. Mais malheureusement à l’intérieur du capital de cette société, il y a divergence de vue entre deux principaux actionnaires. Le ministère des mines doit prendre sa place pour mettre de l’ordre parce qu’il y a un actionnaire qui pense qu’il faut d’abord passer par beaucoup d’étapes, il y a des assemblées généraux, il y’a des dettes, il y a beaucoup de choses. Alors la société est prête, pour nous si le projet démarre tous ces problèmes seront résolus. Donc c’est dommage parce que c’est le projet le plus simple donc c’est dans ce sens que le Président de l’Assemblée Nationale a parlé de divergences. Je peux aussi parler de divergences dans les autres secteurs parce qu’on est entrain de faire une mise à jour dans les secteurs de carrière, dans les semi mécanisés parfois nous avons des contraintes parce que vu la loi des finances qui a institué la lettre des voitures, ça devrait être vraiment quelque chose qui devait apporter beaucoup de recettes à l’État du Cameroun. Parfois on a les notes contradictoires qui viennent des autres administrations, je pense que c’est peut être de ça qu’il parle aussi et je pense qu’avec ce discours nous allons réunir toutes les administrations concernées. Je félicite les administrations comme le ministère des forêts, comme le MINDCAF qui a annulé 129 titres fonciers pour les démarrages effectifs des projets Sinosteel Cam SA mais je pense que avec ce discours on va rassembler les autres administrations pour qu’on soit sur la longueur d’ondes.
Quand on parle de mine artisanale, cela nous fait penser aux populations locales, comment rassurer les exploitants locaux et quel peut être leurs apports?
C’est un grand secteur, au Brésil ce secteur dit informel assure 70% de la production totale de l’or pourtant le Brésil est l’un des grands producteurs de l’or au monde. Donc un secteur très efficace s’il est encadré, qui va jouer un grand rôle. Actuellement on a beaucoup de défis, d’abord l’environnement et à ces mesures on a établi un cahier de charges qui doit être désormais suivi. Dans ce cahier de charge il faut restaurer l’environnement au fur et à mesure qu’on travaille et aussi, il faut les projets sociaux pour les populations locales. Ceci a été établi depuis 06 mois et aujourd’hui tous les projets qui n’adhèrent pas à ce phénomène sont simplement fermés. Il y a quelques deux mois que le secrétaire général de notre ministère était à l’Est. Il a identifié presque 1,5 milliards de projets sociaux au bénéfice des populations. Et désormais on vient de signer un arrêté qui a suspendu tous les travaux autour d’un village qu’on était à presque quelques mètres d’un école primaire. Donc voilà les actions concrètes qui rendent le secteur un peu humain, de l’autre côté on a impliqué les maires dans l’implémentation de cette mesure pour assainir le secteur. Donc le maire de la commune concernée est partie prenante à la signature et désormais il y a un représentant des mines dans les communes concernées. De plus nous allons envoyer une mission en Chine et au Brésil, car actuellement c’est environ 30 à 40% de l’or et avec cette mission on sera autour de 80% de collecte d’or. Ainsi on va avoir une augmentation nette dans les recettes de l’État par l’impôt sur cette activité.
On a connu une évasion parfois massive des recettes de ce secteur, quel est votre regard sur ce phénomène ?
Le Cameroun a pris des mesures très concrètes dans ce secteur, le code minier a pris toutes les dispositions pour que le Cameroun tire bénéfice de toutes les activités du secteur minier, sur le plan artisanal l’impôt synthétique qui de 25% est collecté en espèces comme l’or, il y a les taxes qui viennent au niveau des populations locales et la Sonamines qui représente l’État avec 10% dans chaque projet avec l’option de s’étendre jusqu’à 25% selon le cas. On va continuer à travailler sur les lois à soumettre aux représentants du peuple, pendant cette transition le pays est appelé à produire malgré les défis à relever, il sera question d’ameliorer davantage les lois en faveur de notre pays.
Le problème de l’exploitation frauduleuse de la pouzzolane a-t-il été éradiqué?
Nous sommes un pays béni car notre pays est traversé par une ligne volcanique qui part du Sud-ouest à l’Adamaoua en passant par le Nord-ouest et l’Ouest. Avec la dégradation des roches volcaniques on a la pouzzolane, quelque chose de très précieux et rare, c’est un élément important pour faire le ciment. Nous avons ouvert ce marché aux entreprises locales comme étrangères (Cimaf, Dangote) mais force est de constater qu’il y a un abus car même les 300frs cfa/m³ qu’ils doivent payer, certaines ne le font pas et de plus certaines veulent même exporter. Après une descente sur le terrain, des mesures ont été prises pour que tout ce qui est produit dans toutes les carrières soient référencées ainsi avec la lettre de voiture. Désormais pour faire dans le domaine il faut être semi-mécanisé pour faire dans l’exploitation.
Suzanne Maah
